Le mot de l'expert
Dans la tradition ouverte depuis la mise en œuvre de la perspective à la Renaissance, le peintre donnait du sens à des images ressemblantes. Et voilà que des formes exprimant la structure abstraite et non l’identité, des formes simplifiées, déformées, créées dans des sociétés traitées de primitives ou de sauvages, se trouvent porteuses d’une expressivité infiniment plus forte, plus adaptée aux sensations du XXème siècle que les figures usées de l’académisme. Ce sont les arts primitifs, particulièrement africains, qui ont ainsi révolutionné » la façon de penser » l’art !
La question touche au sens même de la peinture et de la sculpture.
Matisse, Derain et Picasso voyaient dans ces objets non plus des curiosités comme les colons qui les rapportaient en Europe, voire des « fétiches de cannibales » comme on disait alors, mais de l’art. Et ce fut cela la grande nouveauté !
Il y a ainsi de l’art nègre dans l’élaboration des signes plastiques qui vont assurer l’essor de ce qu’on appelle le « cubisme synthétique ». C’est la sculpture nègre qui a permis aux peintres cubistes de voir clair dans des problèmes que l’évolution de l’art européen avait embrouillés et de trouver une solution qui, en évitant tout illusionnisme, aboutissait à la liberté qu’ils ambitionnaient.
Méprisés par Jules Verne qui faisait dire aux explorateurs de son premier roman, cinq semaines en ballon (1862) : « ils trébuchent avec dégoût, dans un village, sur des poteaux de bois qui avaient la prétention d’être sculptés », ignoré au début du XXème siècle, sauf des quelques visionnaires que furent Matisse, Derain et surtout Picasso, l’art africain a enfin connu la reconnaissance qu’il méritait dans la seconde moitié du XXème siècle et particulièrement au début du XXIème avec l’ouverture du Musée du quai Branly.
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Jean-Claude Gouigoux sur France 3 :
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